Retour aux actualités
Article suivant
Article précédent

Hommages à Claude RIVELINE (1936-2024)

Association

-

04/01/2025

Claude Riveline, diplômé du Corps des Mines de la promotion P62 et Professeur emblématique de l'École, nous a quitté le 12 décembre dernier. Mines Paris Alumni lui rend hommage et publie les témoignages de ses anciens élèves et collègues.

Charlotte Weill

J’ai eu D a l’examen d’évaluation des coûts…comme j’étais plutôt bonne élève il a cru que j’avais fait la fête tous les soirs au lieu de réviser. J’ai fini par lui dire que c’était le cas, alors qu’en vérité j’avais travaillé comme une folle :)))

Didier Nectoux

Il existe deux entités vitales dans et pour l'Ecole des Mines de Paris : la cafétéria et le Musée de minéralogie.

Thomas VILLARD

J'ai étudié et travaillé aux côtés de M. Riveline pendant plusieurs années. Chaque rencontre était un nouveau cas présenté, un nouveau livre conseillé. Aujourd'hui j'enseigne moi aussi à des étudiants des Mines. Il ne se passe pas un mois sans que je recommande une de ces lectures à mon tour. Donc cette fois-ci deux suggestions, une écrite, l'autre approuvée par lui : "Petit traité pour expliquer le judaïsme aux non-juifs" de Claude Riveline et "La logique de l'honneur" de Philippe d'Iribarne.

Eric Polin

Les principes de l'évalution des coûts sont l'une des deux ouvertures de mon esprit que je dois à Monsieur Riveline. La seconde est d'avoir accueilli avec chaleur la curiosité du Catholique que je suis envers la culture qui a recueilli, préservé et commenté le Tanach. C'est sa suggestion qui m'a amené à aller écouter le Professeur Lévinas et d'autres rue Broca. La Vérité a plusieurs dimensions, et les "épaules des géants" sont une aide précieuse en toutes.

John Hazan (p92)

Il y a fort longtemps, j’ai eu la mauvaise idée de payer une partie d’une note de restaurant avec un ticket restaurant. La facture le précisait en bas de page. Mon service finance a alors refusé de me la rembourser. J’ai expliqué au comptable zélé que cela n’avait pas de sens. Qu’il y avait non affectation des ressources aux emplois. Mais il n’a pas compris. J’ai insisté et devant lui j’ai coupé la ligne qui precisait « ticket restaurant » tout en bas de la facture. Ébahi, il ne savait plus quoi dire. Il s’est resolu a me rembourser. Il a expérimenté a son corps défendant cette notion. Parabole du manteau de vison, non-affectation des ressources aux emplois, échéancier des dépenses effectives, le coût d’un bien qui n’existe pas. Tant de notions ancrées en moi. M. Riveline a enseigné ces principes à des milliers d’élèves et de professeurs de petites classes dont j’ai eu la grande chance de faire partie. Monsieur Riveline, je pense à vous et vos enseignements quotidiennement et ce depuis plus de 30 ans. Je ne doute pas que, là-haut, vous saurez être convainquant face à Karl Marx sur la façon d’évaluer le coût du capital et avec Albert Einstein, sur la relativité des coûts.

Henri Montastruc

J’ai eu la chance en 1979 de suivre les cours de Claude Riveline. Ses enseignements et son attitude envers nous nous captivaient. Ses remarques toujours bienveillantes nous faisaient souvent rire ou sourire. Je me souviens qu’il avait appelé au tableau un de nos camarades en lui disant : XX, vous êtes à la limite du débraillé, mais à la limite supérieure .. je reprends aujourd’hui souvent cette remarque en citant toujours son auteur. Je n’ai rien oublié de son enseignement et de sa personnalité. Je ne manque jamais de penser à lui quand je passe près de l’Ecole, comme je pense aux quelques professeurs d’exception que j’ai eu la chance de rencontrer à l’Ecole (Allais, Gery,, etc…). J’ai de la peine ce soir…

Christian MICHAUD

Je viens de terminer un Executive MBA à l'EM Lyon. Le prof de finance a commencé son cours en citant les penseurs qui l'avaient le plus marqué, et de citer des anglo-saxons, évidemment, et Claude Riveline. Quand je lui ai dit que j'avais eu Riveline comme prof, il était ému - et moi aussi. L'homme nous quitte, mais son esprit, assurément, restera parmi nous.

Eric POLIN

...en y repensant, je réalise que j'ai utilisée une tramslittération française, qui a été supplantée par la translittération anglaise depuis. Merci donc de lire Tanakh plutôt que Tanach. :-)

Emmanuel Coste

"il y un moyen simple de briller en société: un discours peut se situer naturellement sur quatre niveaux: la matière, l'homme, les institutions, le sacré. Vous remarquerez que les gens n'interviennent généralement qu'à deux de ces quatre niveaux. Il vous suffit donc de repérer les deux niveaux manquants et de placer votre prochaine intervention sur l'un ou les deux de ces deux niveaux oubliés".

Benjamin Duban

La profondeur de vos enseignements m’ont autant marqué que votre sagesse et votre calme a tout épreuve. Honoré d’avoir pu cheminer à vos côtés quelques instants.

Guillaume SIMON

Un professeur pétillant d'intelligence, avec beaucoup d'humour. Un cours où l'on ne s'ennuyait pas, je me rappelle qu'il nous faisait écouter "Tout va très bien Madame la marquise", sans doute pour illustrer la fragilité de l'économie !

Bernard OLLIVIER

J'ai toujours retenu ce principe qu'il nous répétait souvent: "il n'y a pas d'affectation des ressources aux depenses". C'est une personne qui marque toute une carrière ! Pensée

Cyril CHAMALET

L'évaluation des coûts est le seul livre que j'ai conservé de mon passage à l'école et la parabole du manteau de vison, une petite graine qui a fissuré tout le système de pensée que l'école avait bâti jusqu'alors. Il faudra attendre une dizaine d'années encore pour que la fissure deviennent une brèche béante. Le souvenir de sa silhouette parcourant discrètement les couloirs de l'école m'a aidé à comprendre ce que signifie faire autorité.

Olivier Brun P82

Un honnête homme et un grand professeur qui provoquait le respect mais aussi l'affection.

Mikael WILLIAMS

Ton souvenir s'efface progressivement mais ton cours d'évaluation des coûts, et d'autres enseignements doctement mais pédagogiquement dispensés, gardent leurs contours nettement gravés dans ma pierre mémorielle. Notamment un jour où il a fallu intervenir pour un résumé prise de parole, où notre côté post-ado taquin nous poussa à te tancer ironiquement sur la révolutionarité de tes enseignements "Et c'est là que Claude déboula et chamboula le système entier avec la notion d'agent économique", sur un ton badin qui te fit sourire. Ou un autre où des élèves stagiaires du Corps vinrent nous partager leurs retour d'expériences hors de France, où soi-disant l'Angleterre nous apparaîtrait plus étrangère que la Chine ou un tiers pays oublié... Le 'Chinois' nous narra les inondations dantesques du Yang-Tsé (ChangJiang) à Wuhan, et l''Anglais' le quotidien de l'office worker d'Albion... Sur le moment, pas compris, peut-être pas aidé par la différence d'échelle des choses, et la narration des camarades. Vingt ans plus tard, dont 6 de Chine et 10 dans un groupe britannique, ton art de la quintessence synthètique m'est apparu au grand jour... Ou enfin une explication sur la différence fondamentale entre le collectivisme japonais et l'individualisme chinois, à l'opposé des apparences faciles dans lesquelles leurs régimes politique et social les drapent... Ô combien véridique là encore! Merci Claude pour tout cela et sans doute bien d'autres choses désormais subconscientisées qui résonnent encore vivement un quart de siècle plus tard.

Pascal Lambert (P88)

Pendant mon passage à l'école, il a fait partie des personnes qui transforment votre mode de pensée. Beaucoup se battaient pour faire partie de l'option permettant de profiter de ses connaissances. Quelques années plus tard, il a fait une conférence dans une grande banque. Le thème était "l'absurdité de certaines décisions professionnelles est souvent en réalité très rationnelle". J'ai ressenti beaucoup de respect envers Claude Riveline de la part de mon directeur général et sa conférence a "scotché" un amphi entier de cadres pendant deux heures.

Paul SANTUS

C'est avec une grande émotion que j'apprends ce soir le décès du Pr Claude Riveline, survenu hier. J'ai eu la chance de bénéficier de son enseignement en 2008-2009 alors qu'il atteignait déjà l'âge canonique.de 73 ans et je suis resté marqué par le personnage. Par la puissance de son intelligence dans son domaine académique (il fonda le Centre de recherche en Gestion des Mines) : « le coût d'un bien n'existe pas ! » clamait-il, arguant que si nous évaluions celui des platanes, le Boulevard Saint-Michel en serait défriché. Par la largesse de ses intérêts, également, puisque le professeur était rabbin. J'étais allé, quelques années après l'Ecole, écouter le sage en conférence dans une synagogue voisine. Par la bienveillance qu'il mettait à faire grandir les ingénieurs en herbe que nous étions, nous félicitant quand nous balbutiions un début d'analyse, nous taclant sévèrement quand la paresse intellectuelle nous prenait. A Dieu, Professeur. Nul doute qu'il vous accueille, même s'il craint sans doute que vous identifiiez quelques lacunes dans sa gestion ;)

Samuel Goillon

Une phrase l'avait beaucoup amusé dans mon rapport de stage ingénieur, décrivant les engagements de mes chefs d'équipe BTP au Maroc : ghadan in sha' Allah, demain si Dieu le veut : le plus souvent, Dieu ne voulait pas'. Je n'ai compris qu'après sa passion pour les questions spirituelles !

Frédéric LEHMANN

claude riveline est le professeur qui m'a le plus marqué lors de ma formation à l'école des mines. il avait le sens des réalités sociales qui manquent le plus souvent à ceux qu'on appelle les élites. Je me souviens d'une anecdote à son sujet où je l'avais interrogé sur le concept économique de valeur ajoutée et son caractère général et il m'avait répondu qu'il faisait plus confiance au bon sens paysan et à la récolte des pommes de ses pommiers. Il nous disait aussi aux futurs ingénieurs des mines que nous étions les petits princes de la république, lui qui cherchait souvent à réconcilier l'héritage royal de l'ancien régime avec les idées de la république. Je me souviens enfin de l'un de ses articles (je crois bien que c'est lui qui l'avait écrit) sur la manière de gouverner un peuple, par la loi, la coutume et/ou le rêve, et de sa théorie un peu simplificatrice sans doute sur les mythes, les rites et les tribus.

Didier HOLLEAUX

Petite histoire de management du professeur Riveline: « Un coq se promène dans la verte campagne et y trouve un œuf d’autruche. Interloqué, il tâte l’objet de son bec, en fait le tour, et constatant que c’est bien un œuf, se met à réfléchir… Après quelques instants il commence à rouler l’œuf devant lui en direction de la basse-cour, et arrivé là, il le roule à grand-peine jusqu’au sommet du tas de fumier. Puis il réunit les poules en conclave et leur adresse ces quelques mots: « Mesdames, loin de moi l’idée de vous critiquer, mais je voulais juste vous montrer ce que fait la concurrence! » Toute ressemblance avec un manager existant ne saurait m’être que fortuite…

Gilles Delaunay, P02

Lorsque nous rendions un travail, M. Riveline avait l'habitude d'accentuer son jugement négatif car il savait que nous, "bons" élèves, étions très sensibles aux jugements des professeurs ("tout acteur s'adapte de manière à maximiser les indicateurs selon lesquels il se sent jugé"). C'était très désagréable... mais efficace, et lorsque nous faisions l'effort nécessaire, le deuxième rendu recevait des louanges parfois aussi emphatiques que les critiques du premier rendu.

Thê-Phiêt TRAN-NGUYEN

Étudiant commençant sa 3ème année aux Mines, j'ai eu le plaisir d'entendre parler de Monsieur Riveline et de son rôle pour le CGS auprès de mes encadrants. C'est avec des yeux admiratifs et un coeur reconnaissant que je débutais cette année scolaire déterminé à assimiler une partie de son héritage. N'ayant pas eu la chance de le connaître personnellement, j'ai été frappé de découvrir en tant qu'élève les traces de son passage et de son attachement à notre école. Il eut été un grand honneur pour moi de le rencontrer et je tenais à témoigner ma reconnaissance pour ses travaux et son implication en faveur du CGS et des Mines de Paris.

Hakim KHELIFA

Je n'oublierai jamais le fait d'avoir eu la meilleure note de la promo en Evaluation des coûts. Son histoire de la voiture et du manteau de vison reste à jamais gravée dans ma mémoire.

Nicolas CLOCHARD-BOSSUET

Ma mémoire de Claude Riveline remonte à quelques années maintenant (promo Paris 1984)… mais un souvenir vif de ses cours de Gestion Scientifique, et tout particulièrement du problème dit du « Voyageur de Commerce » : une vraie initialisation à l’optimisation, pleine d’humour, d’enthousiasme et d’énergie. Merci Professeur Riveline !

Baptiste Dufresne

J'ai eu la chance de suivre le cours de Monsieur Riveline, qui avait déja largement dépassé les 70 ans et pourtant si passionné et dynamique. Bien que je n'aie jamais eu d'autres interactions que cela avec lui, je suis touché par la nouvelle de sa disparition. Cette triste nouvelle me donna l'occasion de découvrir ses engagements au delà de sa stricte mission a l'Ecole des Mines, ce qui agrandi encore le respect que j'ai pour lui. Toutes mes condoléances, il restera encore vivant longtemps dans la mémoire de ses élèves

Adélaïde Saint-Salvi

J'ai eu l'occasion de voir Claude Riveline donner le cours de clôture d'Evaluation des coûts autour de 2017, à un âge déjà avancé ! Je me souviens particulièrement de son explication sur le prisme politique que nous appliquons quand il s'agit de déterminer ce qu'est un prix "juste", entre équilibre offre-demande contre reflet des coûts "réels". Un exemple de plus de la formation de l'école des Mines, qui nous nourrit en tant qu'ingénieur mais aussi en tant que citoyen. Un professeur passionné et dont le cours fait partie de ceux dont on se souvient !

philippe Persillon

je me souviens que Riveline insistait pour que son cours d'évaluation des coûts soit "optionel". En pratique tout le monde le choisisait et l'école ne programmait pas d'autre cours aux même horaires

Etienne-Marie Airiau

Ah, Claude Riveline, son inoubliable regard pétillant d'intelligence, son sourire ! Grande tristesse de voir disparaître celui qui, parmi tant d'autres professeurs remarquables, aura été le seul dont je me rappelle un mot à mot : "apprenez, mesdemoiselles, messieurs, qu'en entreprise tout individu ne se comporte qu'en fonction des critères selon lesquels on le contrôle". Sic. On imagine sans peine le brouhaha choqué et dubitatif qui s'ensuivit : "comment donc ? Et la beauté de la science, et patati, et patata ...". Quelques décennies m'auront souvent permis de vérifier la réalité de son propos et l'efficacité qu'on peut en retirer. Et grande gratitude à lui pour m'avoir permis, ainsi qu'à de nombreux autres sans doute, d'éviter / faire éviter de belles bévues qui auraient découlé de la confusion entre calcul analytique (de prix de revient chargé, résultat comptable etc.) et impact d'une décision. En pratique, son enseignement m'aura sans doute fait sauver pas mal d'emplois et de bons business centers ! Nul doute qu'il nous regarde amusé depuis le paradis des bons gestionnaires.

Olivier Marquette

Sorti de l'ecole en 1993, les cours du professeur Riveline sont probablement les seuls dont je me souvienne encore apres 30 ans de carriere professionnelle. C'est son cours sur les couts qui m'a ouvert les yeux sur les themes financiers et comptables si important pour completer un cursus ingenieur. Merci professeur Riveline d'avoir accompagne des generations de Mineurs!

Eric BANTEGNIE

Claude Riveline a été le seul professeur dont la réalité de l'enseignement et la pertinence des points de vue m'ont été rappelés dans toute ma carrière professionnelle d'entrepreneur et de dirigeant durant 30 ans. Je ne pense pas qu'il ne se soit pas passé d'année sans que je m'exclame devant des situations réelles "ah, ça c'est du Riveline...". Je lui suis profondément reconnaissant de sa transmission intellectuelle exceptionnelle, de sa profonde humanité et de son humour explosif. Sa mémoire durera !

Etienne Grisey

En 2004, junior à la BNP à New York je me retrouve en mission pendant un mois à Paris. Un de nos soucis était que nous devions facturer un coût par ticket qui nous rendait non compétitifs sur les petites tailles. Je me suis retrouvé à argumenter avec le co-chef des produits exotiques sur les coûts marginaux jusqu’à 5 heures du matin. Nous avons failli en venir aux mains, mais il est devenu un ami très cher, m’a laissé faire mon business, et m’a engagé plus tard au Japon.

Alain-Louis SCHMITT

J'ai eu plaisir à travailler avec le Professeur Riveline qui était tuteur de mon mémoire de fin d'études au Corps des Mines. J'ai particulièrement le souvenir d'une formule qu'il a souvent employée, et dont j'ai mesuré la pertinence tout au long de ma carrière: "Un dirigeant qui saute au plafond retombe toujours meilleur".

Bertrand Michelet (P81)

Dans le groupe Areva, années ~2015, l'usine Orano Malvési (raffinage du yellowcake en UF4, du côté de Narbonne) était menacée de fermer parce qu'elle perdait de l'argent - investissement non rentable pour le groupe Areva. Alors responsable "matières nucléaires" au ministère de la Défense, je suis appelé à participer à la mission d'évaluation sur place pilotée par Bercy. Là je découvre immédiatement que le groupe avait fait une erreur "de débutant" : la rentabilité de l'usine a été calculée en "frais chargés", incluant une participation aux frais fixes du groupe. Pour moi c'était une ligne rouge pour un dirigeant: ne jamais accepter d'objectif financier incluant une participation aux frais fixes, parce qu'avec ces clefs de répartition totalement arbitraires on peut faire couler la branche que l'on veut... Merci Riveline. Et comme la "perte" supposée de l'usine est plus faible que cette imputation de frais fixes, le calcul est vite fait: en réalité l'usine dégage du bénéfice brut, mais le groupe pompe plus que l'excédent disponible, ce qui fait couler financièrement la société. Audit financier terminé en dix minutes - Merci Riveline. Il a fallu que j'explique ensuite aux spécialistes de Bercy que si l'usine était fermée, ce bénéfice brut ne serait plus disponible, ce qui diminuerait d'autant les ressources du groupe: la solution n'était pas de fermer l'usine, mais de modifier la clef de répartition des frais fixes du groupe. Ils ont fini par comprendre. Et les 250 salariés ont vu la menace de chômage s'éloigner. Eux aussi, merci Riveline.

François Lainée

La non existence du coût d'un bien ou d'un service... Une si simple et élégante "évidence"... Après coup ! Digne de l'oeuf de Colomb. Mais, au-delà de cette sagesse, C. Riveline m'a donné pendant nos travaux une gentille claque salutaire, qui me sert encore quarante ans plus tard. Je lui avais adressé un mail, pour demander un avis. Et, tapant comme toujours à toute vitesse et sans me relire, il contenait des fautes bêtes et, de fait, indignes. Je me suis fait gentiment mais vivement rabrouer par le maître... Aujourd'hui, je ne suis pas encore totalement guéri, mais je pense à lui chaque fois que je me relis.

Eric Déliac

Quand j'étais jeune ingénieur des mines, j'avais toujours l'impression d'être bienvenu avec Claude Riveline lorsque je passais à l'Ecole. A chacun de nous, il prodiguait un sourire, prenait des nouvelles et semblait sincèrement heureux de nous revoir. Un exemple de chaleur humaine.

Didier REBISCHUNG

Immense tristesse d’apprendre que le professeur Riveline nous a quittés. Reconnaissance infinie pour tout ce qu’il nous a apportés. « Le coût d'un bien n'existe pas. » Cette affirmation - qui va à l’encontre des certitudes et des pratiques - a marqué à vie les générations d’élèves de Mines Paris - PSL qui ont suivi le cours d’évaluation des coûts du Pr Riveline. Nous sommes nombreux à appartenir à cette « secte » qui professe que le coût d’un bien n’existe pas, et dont les membres se reconnaissent mutuellement - et instantanément - par leurs réflexes et par les raisonnements originaux qu’ils déploient. Avec l’équipe d’intervenants du cours d’Evaluation des Coûts, nous nous efforçons de continuer à marquer, à notre tour, les élèves par la puissance de cette idée géniale formalisée dans son Enseignement. « Vous n’avez pas le droit d’être médiocre » Au-delà du contenu de son cours, il a transmis à beaucoup de ses optionnaires un sens du bien commun et de l’engagement dans la société : exigence de fournir le meilleur de soi-même, pour être utile et donner un sens à son action. Une vie d’engagement pour l’Ecole et ses élèves - un enseignement plus que jamais d’actualité J’ai vu pour la dernière fois le professeur Riveline à la fin de l’été : il était très affaibli mais toujours aussi soucieux d’avoir des nouvelles de l’Ecole et du devenir de son cours : il était enthousiaste à l’idée que nous ayons l’ambition de compléter l’édition 2025 du cours, pour intégrer de façon plus explicite et immédiate des raisonnements sur les sujets de la lutte et l’adaptation au Changement Climatique, et la question des limites planétaires : la définition générale des coûts se prête aussi, à merveille, à l’analyse de ces scénarios et à des raisonnements en ha de terre cultivables ou en tonnes de CO2. Un autre témoignage de la puissance et de la modernité absolue de son enseignement. Une idée donner à l’un des amphis de l’Ecole le nom de Claude Riveline

Pascal ARRIULOU

Je garde un souvenir ému teinté d'amusement d'un entretien à l'occasion du travail de fin d'étude que je m'apprêtais à mener en binôme sur les exploitations agricoles en partenariat avec l'INRA. Dans l'ambiance très parisienne de son bureau, mélée de bois et cuirs sous le seul éclairage d'une lampe de bureau hors d'âge, Claude Riveline cherchait à nous alerter sur l'univers que nous allions découvrir : il nous dépeint alors un monde digne de Zola encore pétri de croyances et de sorcellerie. La distorsion entre le lieu, le personnage et le propos en a fait un moment unique qui reste gravé dans ma mémoire.

Jacques Brun delegue promo 75

Claude Riveline nous a marqués. Il avait son franc parlé. Par exemple nous avait dit il y a trois stades à la connaissance avoir déjà entendu parlé de ( stade dans lequel il nous positionnait avec quelque raison) savoir répéter de deux manières différentes et enfin savoir enseigner ( stade dans lequel il était sans contestation)

Pierre GAMBARDELLA

"Il n'y a pas allocation des ressources aux emplois" resté gravé dans ma mémoire, j'ai oublié les autres mantra. A l'heure où la finance entamait son divorce de l’économie réelle et où l'argent facile des années 80 devenait la préoccupation principale des jeunes diplômés, les leçons de Claude Riveline nous paraissaient, à tort, un peu ringardes. Défit à la notion de coût, une force de rappel à la dépense utile.

Vincent DECOUX

Claude Riveline était un grand Monsieur, un grand Professeur. Une personne rare comme on en fait encore, mais plus beaucoup. Il a honoré l'Ecole des Mines de Paris de sa présence, de son enseignement, de son rayonnement. Toutes mes pensées vont à sa famille à l'occasion de son décès.

Philippe Kalousdian

J'ai eu l'occasion de prononcer ces mots en réunion à l'autre bout du monde : "You know, the cost of a good doesn't exist". Quelle n'a pas été ma surprise de voir un participant se lever et dire "Ecole des Mines? Claude Riveline?".

José PESSIS - P1975

Mon principal souvenir du cours d'évaluation des coûts est cette phrase plusieurs fois répétée : "Il n'y a pas d'affectation des ressources aux emplois". J'y repense à chaque fois que l'un ou l'autre de nos responsables politiques annonce que telle mesure nouvelle sera financée par tel impôt supplémentaire.

André DE MARCILLAC

J'ai découvert l'humour et l'énergie de Riveline en 1957/58 à l'EABC de Saumur lors de notre formation mili (ximo) Il y a découvert l'équitation qui, je crois, est resté un de ses sports préférés. Dans les années 80 il m'a aidé lors de cogitations personnelles.

Nicolas DUSART

Je lui avais parle il y a quelques mois pour lui dire combien son enseignement avait été important pour moi

Georges Culioli

J’ai été un eleve du Professeur Riveline, a la fois pour le cours qu’il avait dispense en tronc commun, ainsi qu’en choisissant l’Option Gestion Scientifique. Il était brillant intellectuellement, et brillant communicateur (IQ et EQ, comme on dit aujourd’hui), et toujours d’une bonne humeur et d’une joie dont il se servait pour irradier sur nous tous. Sur « scene », il avait un cote Comedien dont il savait jouer, car c’était un charmeur, au bon sens du terme. Il avait d’ailleurs constitué autour de lui une equipe de professeurs qui le suivaient avec attachement. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer son « frere » de Polytechnique et du Corps des Mines, Jacques Bodelle, lorsque j’avais été envoye comme Cooperant a Washington DC. Des personalites très différentes, mais une capacite a s’attacher a l’etre humain tel qu’il était, et quelque soit les façades en place. La dernière fois que j’ai vu Claude Riveline, une vingtaine d’annees après ma sortie de l’Ecole, c’était pour une visite amicale dans son bureau, entretien qu’il avait immediatement entame en me « démontrant » que l’Ecole des Mines était en passe d’etre reconnue comme étant la meilleure ecole du monde, notamment auprès de ses confrères universitaires Americains : juste le plaisir qu’il avait a défendre et promouvoir ce qu’il aimait. Bon voyage au Professeur Riveline : l’Au-dela n’a qu’a bien se tenir, sinon ils auront droit a quelques demonstrations magistrales sur la bonte, la pertinence, et le bon usage de l’intelligence.

Jean-Marc Biragnet

Nous étions les fils rêvés. Il restera un père spirituel…

Damien BUET

« Messieurs c’est un scandale, ce rapport est truffé de fautes ! » Premier retour sur le rapport de stage d’option Gestion Scientifique, qu’avec mon binôme nous n’avons pas osé ouvrir avant de sortir du bureau du Pr Riveline. Bilan des courses, 3 fautes sur plus de 60 pages. Un de ses classiques, qui illustre bien son niveau d’exigence dans tous les domaines. Au delà des sujets de recherche novateurs et des enseignements qui ne m’ont pas quitté en 25 ans de carrière, je retiens aussi une grande finesse dans la compréhension des personnalité et des « conseils de vie » frappants qui me guident toujours. Yehi zichra baruch

Benjamin Joseph Benoudis

Il y a quelques années, j'ai découvert M. Claude Riveline sur le site Akadem, en recherchant "Talmud" sur Google. Au bout de plusieurs vidéos exceptionnelles, j'ai voulu en savoir plus sur cet enseignant. Quelle a été ma surprise d'apprendre qu'il était professeur aux Mines de Paris, alors que j'y étais élève encore l'année précédente. Je l'ai alors contacté et nous nous sommes rencontrés. Finalement pendant 2 ans, j'ai partagé sa pause déjeuner une fois par mois aux Mines. Il est devenu un mentor pour moi. Tous les sujets pouvaient être abordés (travail, famille, étude). Un puit d'érudition et de gentillesse.

Jean-Michel MARINO

Le cours de Claude RIVELINE est resté longtemps un viatique pour moi, et j'ai eu le plaisir de retrouver des mises à jour disponibles gracieusement sur le net. Il était très sensible à la vie des élèves, nous accompagnant pour la visite du CERCHAR (nous disposons d'une photo avec la P65) , et aussi particulièrement proche des élèves de l'option Mines.

Georges Culioli

« J’ai été un élève du Professeur Riveline, pour le cours qu’il avait dispensé en tronc commun, et, par la suite, en choisissant l’option Gestion Scientifique. Il était brillant intellectuellement, et bien entendu, brillant communicateur (IQ et EQ, comme on dit aujourd’hui). Et, avec cet élégant sourire parfaitement assorti à son regard pétillant, toujours d’une bonne humeur et d’une joie dont il se servait pour irradier sur nous tous. Sur « scène », il avait un côté Comédien dont il savait jouer car c’était un charmeur, au bon sens du terme. Il avait constitué autour de lui une équipe de professeurs qui le suivaient avec un profond attachement. Par la suite, j’ai eu l’occasion de rencontrer son « frère » de Polytechnique et du Corps des Mines, Jacques Bodelle, lorsque j’avais été envoyé comme Coopérant à Washington DC. Des personnalités très différentes, mais une capacité à s’attacher à l’être humain tel qu’il était, en loyauté et en dévouement, au delà du temps et de la distance. La dernière fois que j’ai vu Claude Riveline, une vingtaine d’années après ma sortie de l’Ecole, c’était pour une visite amicale dans son bureau : un entretien qu’il avait immédiatement entamé en me « démontrant » que l’Ecole des Mines était en passe d’être reconnue comme la meilleure école d’ingénieurs au monde, notamment auprès de ses confrères universitaires Américains. Je souriais dans mon for intérieur, juste à ressentir le plaisir qu’il prenait à défendre et promouvoir ce qu’il aimait. Bon voyage au Professeur Riveline : l’Au-delà n’a qu’à bien se tenir, sinon ils auront droit à quelques démonstrations magistrales sur la bonté, la pertinence, et le bon usage de l’intelligence sans borne. »

Pierre BRUCHET

Son approche par l'évaluation du cout d'une décision par rapport à une situation de référence avec le recours à un échéancier dépenses/recettes m'a suivi dans toute ma carrière, depuis les évaluations économiques des gisements d'uranium (COGEMA) au calcul des couts de production des gaz (Air Liquide). Son enseignement fait partie des "intemporels". Merci Claude.

Jacques Sennepin

Votre message me touche beaucoup et je vous en remercie. J’étais avec Claude Riveline élève d’hypotaupe au lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand. J’étais interne et lui habitait à deux pas du lycée. Nous avons sympathisé et il m’invitait chez lui. Il nous a quittés en taupe pour un lycée plus coté. Nous nous sommes revus par la suite : dans les années soixante il m’a invité à son mariage et dans les années 90 nous avons essayé de trouver un sujet commun d’études. J’ajoute que j’ai suivi avec grand intérêt ses émissions religieuses dans la bonne tradition rabbinique. Vous avez raison : c’était quelqu’un d’exceptionnel par son intelligence et sa profonde humanité.

Davy SAMBA (P93)

En repensant à ces années de formation avec le Professeur Riveline tant de souvenirs me reviennent... Mais si je devais retenir un enseignement qu'il essayait de transmettre à ses élèves et en particulier aux optionnaires GS, c'est celui de l'exigence intellectuelle alliée à l'importance du terrain et de l'expérience concrète, enseignement tellement en phase avec la devise de l'Ecole "Théorie et Pratique". Sa célèbre formule "Soyez humbles devant les faits et fiers devant les chefs" m'accompagne toujours 30 ans après et m'a permis d'éviter bien des "platanes" !

Yves GIRAUD

Claude Riveline a été pour moi bien plus qu'un professeur. Une sorte de Maître à penser, un philosophe de la gestion et des disciplines dites "molles"', qui ne se mettent jamais complètement en équation. J'ai bu son enseignement comme une révélation lumineuse, et tout au long de ma carrière y ai puisé sans fin les clefs du monde économique et surtout de ses acteurs, aux comportements parfois si étranges et si peu rationnels. J'aurais tellement voulu le revoir et lui dire combien il a compté pour moi !

Laura LETOURNEAU

Citation de Claude Riveline, qui m’a décomplexée pour l’éternité : « La perfection n’a aucun charme ».

Bernard GOLSTEIN

Il y a quelques années, alors que je me trouvais exceptionnellement à Paris et plus exceptionnellement encore près du Luco, je vois débouler la silhouette familière d'un petit homme que je n'avais plus vu depuis 20 ans, vêtu d'un pardessus beige et coiffé d'un chapeau hors du temps. Ému je me précipite vers lui, lui répète ma gratitude respectueuse, et lui ressors imprudemment : "Le coût d'un bien n'existe pas, seul le coût d'une décision existe". Que n'avais-je pas dit ! Tout à la fois sévère et bienveillant, l'homme me reprend immédiatement : "Ou d'un événement !". Et d'enchaîner, plus pédagogue que jamais, sur "le tremblement de terre à Haïti, etc..". A jamais un Professeur.

Claire BARITAUD

Je n’oublierai jamais les heures passées sur le mémoire sur la loi Cope-Zimmerman que j’ai eu la chance de faire avec deux autres camarades, encadré par notre professeur Riveline. Cela nous a valu des heures de débat avec cette personnalité haute en couleur. Nous avons quand même sorti une gazette et un brillant mémoire « travails, famille, profit ». Cher Claude, merci infiniment pour toutes les générations d’étudiants que vous avez accompagnés, votre marque brillante est à jamais gravée dans nos cœurs et dans nos actes. Quand je me dis que notre société perd son humanité, je pense à vous pour la retrouver.

Pierre Virleux

Optionnaire « gestion scientifique », et désireux de poursuivre des études dans une université américaine, celle-ci demandait dans le dossier d'admission de fournir une ou deux lettres de recommandation. Tout naturellement, je me tournais vers Claude Riveline, mon responsable d’option. Il me demanda de préparer une telle lettre pour qu’il la relise et la signe. Dedans, entre autres choses, je voulais faire figurer l’idée que j’avais un bon relationnel. Ne sachant pas trop comment exprimer la chose en anglais, je consultai un dictionnaire, qui me fit utiliser le mot « intercourse » … jusqu’à ce que Claude Riveline, à la relecture, me conseille de trouver une autre formulation, en me précisant qu’en américain, ce mot voulait dire : relation sexuelle !

didier ventura

Combien de fois dans ma carrière ai-je utilisé ce principe que le coût d'un bien n'existe pas et seul existe le coût d'une décision ... en pensant avec un sourire au professeur Riveline et aux petits résumés de 4 lignes de fin de chapitre qu'il nous demandait d'apprendre par cœur. Et combien de fois ai-je dû corriger des erreurs de raisonnement économique ( les miennes ou celles des autres) provenant du non respect de ce principe pourtant de simple bon sens... Merci Professeur Riveline.

Fano RAMPARANY

A chaque discipline j’associe un prof qui m’a marqué. En économie il s’agit indéniablement du Pr. Riveline. Il savait rendre attrayant et accessible cette matière pour laquelle je n’avais aucun intérêt 🙂.

Cécilia TEJEDOR

J’ai côtoyé le professeur Riveline à partir de mon admission au Corps en 1997. Pour diverses raisons, nos premiers échanges étaient plutôt distants. En 3ème année, ayant assisté à la présentation de mon mémoire avec mon binôme, M. Riveline est venu s’asseoir à mes côtés pour me féliciter, m’encourager et valoriser mon parcours au Corps des Mines depuis mon admission. Depuis ce moment là, nous sommes restés en relation, je lui donnais des nouvelles de mes différents postes, dans le public et dans le privé. Claude Riveline m’a beaucoup marquée, à titre personnel du fait de cette anecdote qui a forgé mes débuts au Corps, et à titre professionnel par l’intelligence de ses analyses. Merci Monsieur Riveline pour tout ce que vous m’avez apporté. Reposez en paix.

Nicolas Merlet

C'est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès du Professeur Claude Riveline. Lors de mes études à l'Ecole des Mines de Paris (1985-1988), j'avais suivi l'option Morphologie Mathématique et choisi mes cours en conséquence. J'ai donc eu alors un nombre très restreint de contacts avec Claude Riveline ; mais l'un d'entre eux fut particulièrement significatif pour moi. Formellement, j'étais alors catholique, mais je lisais depuis quelques années déjà et avec passion un certain nombre de livres sur le Judaïsme. Un jour, je suis allé à une conférence organisée rue Notre-Dame des Champs par la "Fraternité d'Abraham", association promouvant le dialogue entre Juifs, Chrétiens et Musulmans. Le conférencier était le Professeur Claude Riveline et la salle était comble. Ce fut ma première rencontre, certes du fond de la salle, avec un Juif pratiquant. Et mon premier cours de Torah, de vive voix, par un rabbin. Mon diplôme d'ingénieur en poche, je suis allé m'installer à Jérusalem, où je me suis converti au Judaïsme et où je vis depuis. Pendant plus de trente ans, j'ai envoyé chaque année au Professeur mes vœux lors du Nouvel An Juif (Roch Hachana) en donnant des nouvelles familiales, professionnelles et religieuses. Claude Riveline m'a toujours répondu avec une extrême bienveillance, alors qu'il était un homme très actif. J'ai beaucoup appris de lui, dans ses lettres et aussi dans plusieurs publications qu'il avait eu la gentillesse de m'envoyer par la poste. Nous avons eu aussi plusieurs fois l'occasion de nous rencontrer à son bureau où je l'ai toujours trouvé très disponible, ainsi qu'à Jérusalem. Je n'oublierai pas son soutien chaleureux. Ce qui m'a le plus impressionné dans ces publications, c'est qu'il puisait dans les textes Bibliques des modèles de comportement qui éclairent les problèmes modernes de l'entreprise et de la société. Dans l'entreprise d'abord, avec l'éternel conflit entre nomades et sédentaires (voir http://www.riveline.net/nomades.pdf ). Ce conflit apparaît dans la Bible avec Caïn et Abel, mais aussi dans le monde de l'entreprise entre les professions qui recherchent la stabilité (chaîne de production) et celles qui veulent tout changer (les commerciaux). Lorsque je souhaite améliorer les algorithmes du produit et que les responsables de la régulation ne veulent toucher à rien, je pense au modèle du Professeur Riveline… Claude Riveline relie également les problèmes de la société moderne à la Bible et l'archéologie. Israël était confronté dans l'antiquité à trois voisins puissants et idolâtres, chaque voisin ayant développé sa propre idolâtrie : idolâtrie de la science et du contrôle de la nature pour l'Egypte, idolâtrie du sexe pour Canaan, idolâtrie de l'argent et du commerce pour Babylone. Et ces déviances sont universelles puisqu'on les retrouve dans les sociétés moderne. De manière peut-être significative, nous avons lu dans les synagogues du monde entier, le Chabbat deux jours avant le départ de Claude Riveline, la section hebdomadaire du Pentateuque qui porte le nom de "Vayetse", c’est-à-dire "Il sortit" (Genèse 28, 10). Cette section commence par le départ de Jacob de Beer Shava pour Haran. La tradition Juive interroge : pourquoi fallait-il mentionner que Jacob quitte Beer Shava ? Ne suffisait-il pas de dire qu'il alla à Haran ? (Midrach Genèse Rabba 68-6). Et elle répond : "lorsque le Juste habite la ville, il l'éclaire ; lorsqu'il la quitte, elle s'assombrit, et les habitants le ressentent".

Olivier HERZ

J’ai été très peiné d'apprendre la disparition du Professeur Claude Riveline, que j’avais rencontré avec grand plaisir le 10 mai 2023, hélas pour la dernière fois, à l’occasion du magnifique hommage qui lui avait été rendu à la mairie du 16è arrondissement. Je ne reviendrai pas sur tout ce qu’il m’a apporté, tout particulièrement lorsque j’étais ingénieur-élève, et voudrais juste narrer une émouvante anecdote personnelle. Lors de la préparation de notre mariage, nous avons interrogé le rabbin, le regretté Daniel Gottlieb, sur le choix des témoins. Il nous a répondu qu’il s’en chargeait, nous déconseillant de désigner des proches parce qu’il aurait été contraint de les mettre sur la sellette de façon gênante pour s'assurer qu’ils étaient suffisamment « cachères ». Je lui ai donc malicieusement demandé si son ami Claude Riveline était assez « cachère » pour lui. Et c’est ainsi que Daniel Gottlieb et Claude Riveline nous ont fait l’immense honneur et l’amitié d’être nos témoins et de participer à la lecture des bénédictions lors du déjeuner familial qui a suivi chez ma grand-mère, à quelques mètres de la synagogue. Et notre belle « ketouba » (contrat de mariage), mise sous verre et exposée dans notre salon, porte le paraphe de ces deux sommités du judaïsme français. Claude Riveline a fait précéder sa signature de son titre de « haver » (compagnon de la Torah) décerné par le grand-rabbinat de France, mot qui signifie « ami » en hébreu courant.

Antoine IRIS

J'ai été l'élève du Professeur Claude Riveline en option Gestion Scientifique de l'Ecole des Mines de Paris (Promotion 1980). Le Pr Riveline mettait toujours en avant l'importance du facteur humain. Chacun connaît ses antiennes sur le pouvoir manipulatoire des chiffres, mais il incitait aussi à reconnaître l'importance positive de tous les collaborateurs, même subalternes, car disait-il "vous verrez que dans certains ateliers, c'est souvent d'un simple technicien, quelquefois armé d'un pot de confiture et d'une cuillère à soupe (sic) que dépend le bon fonctionnement d'une machine complexe qu'il prend soin tous les jours de régler et lubrifier, bien au-delà des procédures formelles". C'était aussi un homme d'une grande universalité. Témoin cette remarque sur la recherche d'une organisation optimale : "prenez exemple sur l'Eglise Catholique : une organisation mondiale, de plus d'un milliard de membres, qui dure depuis plus de deux mille ans et tout cela avec...seulement quatre niveaux hiérarchiques!" Enfin je l'ai trouvé d'une très grande hauteur, y compris vis-à-vis de ses propres analyses. J'étais allé solliciter de lui, trois ans après être sorti de l'Ecole, une recommandation pour mon dossier d'admission au MBA de Harvard. Recommandation dite "académique", incontournable et fondamentale. L'entretien commence par "ainsi vous avez cette idée...et bien je la trouve extrêmement mauvaise", se poursuit par de longues minutes de critiques sérieuses par le Maître des MBA américains, de ma démarche ("allez donc travailler dans une entreprise US, vous en apprendrez bien plus"), etc... A la fin de l'entretien, le Pr Riveline se lève et du ton le plus affable me dit "naturellement pour votre recommandation, ne vous faites pas de souci, je la ferai et vous serez admis à Harvard; et puis, vous savez, les conseils sont faits pour être écoutés, pas pour être suivis". Et naturellement, j'ai été admis. Merci, Professeur Riveline!

Emmanuel Mannooretonil

Vis-à-vis des élèves de l'option Gestion Scientifique Riveline voyait sa mission comme allant bien au-delà d'une formation en gestion. Il s'intéressait à notre avenir, et se permettait souvent de nous bousculer, notamment lors des entretiens privés qu'il avait avec nous. Il était aussi extrêmement fier de la formation des mines Paris. Lui ayant fait part de mon intérêt pour la politique économique européenne, il m'avait lancé : "Si vous voulez comprendre quelque chose à l'Union Européenne, vous feriez mieux de vous faire embaucher comme lobbyiste !". A un camarade qui voulait faire un master en finance après les mines, il lâcha même : "Vous apprendriez plus en vous faisant portier dans une banque d'affaire." Comme on le voit, son goût des bons mots allait parfois trop loin. C'est qu'il aimait les histoires et paraboles plus que la théorie, et ne craignait pas l'autodérision. A notre cérémonie de remise des diplômes il était hilare de m'avoir entendu déclamer à toute l'assemblée une historiette dont l'un des protagonistes était un optionnaire gestion scientifique qui décrit très bien les problèmes rencontrés par un gestionnaire mais n'a malheureusement pas de solution à lui offrir... (une version de la blague avant son adaptation pour l'événement figure ici : http://fautrigoler.free.fr/mobile/html/type_Blague_ingenieur_manager.html)

Claudine Laneyrie-Guillon

’ai fait la connaissance de Claude Riveline en juin 70, lors de l’entretien qui allait décider de mon entrée sur titres aux Mines. Il était tout à fait favorable à la présence de filles aux Mines, il m’intimidait plutôt néanmoins. Aussitôt que j’ai été diplômée, il m’a proposé de le revoir chaque année ; un rite auquel nous avons été tous deux fidèles durant 50 ans : car comme chacun sait, entre autres concepts, Claude Riveline, a mis en lumière le rôle des rites, mythes et tribus dans les entreprises. Que ce soit pendant, ou après l’Ecole,, il m’a vraiment beaucoup apporté. Je retiens de lui sa curiosité insatiable, sa lucidité, son regard décalé, sa capacité à décloisonner les domaines de la science. Venant d’horizons différents, nous partagions le même amour des textes bibliques : je suis certaine que « Là-haut », il poursuit avec bonheur ses recherches . . . Claudine Laneyrie-Guillon – promo 69

Gabriel Dumy

Je n'ai rencontré mon ami Claude que vers la fin de sa vie, et au début de la mienne. Je ne compte pas le nombre de ses sages conseils que je retrouve dans mon travail quotidien, ou dans ma vie personnelle. J'espère pouvoir transmettre au travers de mes projets une fraction de son savoir, et perpétuer de la sorte sa mémoire.

Sihem JOUINI

Le Professeur Riveline n’était pas seulement connu pour son cours d’évaluation des coûts, dans lequel il utilisait déjà différents média dont la chanson, mais aussi pour l’enseignement de la pédagogie aux chargés de petites classes qui avaient l’honneur d’animer les TDs associés à son cours. Ils faisaient preuve à notre égard d’une implication et d’une générosité sans pareilles en prodiguant conseils et tutorat. En tant que chargé de PC, en plus d’assister de nouveau à son cours, dans lequel nous avions eu une trés bonne note en tant qu’élève, nous avions 2h de réunion avec lui pour se préparer avant la séance et pour la commenter après. Il notait toutes les questions posées et nous interrogeait sur les réponses et la réaction à adopter en classe avec les élèves. Ainsi préparés, nous pouvions surmonter le track, maitriser la classe, avoir de l’aisance et goûter au bonheur de l’enseignement.

Philippe EMSALEM

Au delà du grand esprit qu’il était, Claude Riveline avait de l’esprit et je me souviens de la petite revue (84!) où, tout nouvel étudiant que j’étais, les 2A m’avaient demandé de l’incarner (avaient-ils deviné l’importance que l’enseignement qu’il prodiguait me serait aussi déterminant plus tard?) dans un sketch un peu grinçant sur le prétendu élitisme de l’option GS. Avec un œil espiègle il n’avait pas hésité à me confier son chapeau pour jouer son personnage au plus près du réel. Je ne pouvais rêver de meilleure entrée en matière à l’Ecole et, un an plus tard, comme une évidence, j’entrai en option GS, avec mon propre chapeau et des yeux admiratifs.

Noam Cohen

Je voudrais rendre hommage à Claude Riveline, un professeur d’exception et un être cher, dont l’enseignement et les outils me servent chaque jour dans le regard que je porte sur les grandes et les petites choses. Lorsque je suis entré à l’École des Mines de Paris, il avait 82 ans, et en cela il était déjà pour moi un exemple. Sa silhouette rassurante qui passait dans les couloirs m’intriguait et m’a amené à m’intéresser à son enseignement, si bien que j’étais déjà un disciple au moment de suivre son cours d’Évaluation des Coûts au second semestre. Je ne crois pas qu’il existe un seul élève des Mines qui n’ait été marqué en profondeur en apprenant que le coût d’un bien n’existe pas. Que pouvait-il y avoir de si spécial dans ce cours, dont l’intitulé est le même que celui dispensé dans chaque école de commerce ? Justement, Monsieur Riveline nous prouvait le contraire de ce qu’on enseigne ailleurs. Ce cours ne portait pas sur les outils de gestion des entreprises mais démontrait qu’ils sont des outils arbitraires, souvent employés pour donner une légitimité pseudo-scientifique à une décision déjà prise. Voilà pourquoi l’œil du professeur était si pétillant au moment de clôturer le cours magistral qu’il enseignait depuis des décennies : il nous prouvait une vérité que nous n’aurions jamais connue autrement. J’ai par la suite choisi mon option de dernière année au Centre de Gestion Scientifique dans le seul but de suivre le deuxième cours que Monsieur Riveline enseignait, sur l’urgence en gestion. Lorsque j’ai rendu mon exposé à la fin de ce cours, Monsieur Riveline s’est montré intéressé et m’a proposé de nous revoir pour un entretien privé qu’il destinait habituellement aux élèves du Corps des Mines. Nous avons déjeuné ensemble un jour à l’école ; il s’était renseigné préalablement sur moi auprès de mes professeurs. Et au cours d’un entretien très personnel d’une heure et demie, il m’a donné des conseils bienveillants qui continuent de m’accompagner aujourd’hui. Claude Riveline était aussi pour moi un maître en Torah. Il ne mélangeait pas les deux mondes, à l’image de son site internet séparé en deux sections : enseignements de gestion et enseignements confessionnels. Pourtant, chacune de ses théories était appuyée doublement par la science et la Torah, à l’image de son célèbre couteau suisse « Rites, Mythes, Tribus », tantôt déduit d’Émile Durkheim, tantôt emprunté au traité de la Michna des Pirkei Avot (maximes des pères). Avec un raisonnement d’une exactitude quasi mathématique, il plaçait les mots justes sur les intuitions que je n’avais jamais su formuler. Je vous encourage à découvrir ses publications confessionnelles et de gestion sur le site riveline.net et sur la plateforme Akadem dont le travail d’archivage est précieux. Toutes mes pensées vont vers sa famille qui lui était si chère et dont il continuera d’être fier, ainsi que vers toute la communauté des Mines de Paris pour lesquels la perte est immense et l’héritage infini.

Isabelle CHEVALLIER DURUPTHY

Outre l’emblématique “le coût d’un bien n’existe pas”, l’ “effet réverbère” que nous enseignait notre cher Professeur Riveline me donne très régulièrement l’occasion de repenser à lui, en ces temps où le volume de données et d’information n’a jamais été dense mais où son analyse se limite trop souvent aux “spotlights” des réseaux sociaux et autres moteurs IA…

Version du 29 décembre 2024

J'aime
25 vues Visites
Partager sur

Commentaires0

Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.

Articles suggérés

Association

Axel Cypel (P99) remporte le Prix Roberval pour son livre sur l'IA

photo de profil d'un membre

Théophile Cantelobre (DGA MPA)

04 janvier

Association

Un nouveau Trésorier pour Mines Paris Alumni

photo de profil d'un membre

Théophile Cantelobre (DGA MPA)

09 décembre

Association

Évolutions dans notre fonctionnement avec Intermines

photo de profil d'un membre

Philippe KALOUSDIAN

09 décembre